Accueil L'HISTOIRE DU MOMENT ActualitéCROIS(E)-MOI03/07/2023ActualitéCrois(e)-moi J’avais rendez-vous avec elle au coin de la rue. Je savais sa mauvaise habitude du retard, je ne me pressais donc pas. Elle était pourtant déjà là. Je n’eus pas de mal à la reconnaître. Ce regard si lointain qui n’appartenait qu’à elle. Je lui trouvai de l’embonpoint et une fatigue camouflée sous quelques rides à peine creusées. Elle avait vieilli mais ne savait toujours pas l’âge qu’elle avait, elle devait calculer. Ce n’était pas quelque chose d’inné pour cette affamée des mots et des livres. On partagea un café et son amertume nous réconforta toutes les deux. On échangea sur le goût de la vie, son coût aussi. Elle se laissa aller à des confidences et à ce qui l’avait appauvrie Les amis partis, l’argent et les soucis. Elle ne pleura pas mais sa bouche dessinait la tristesse d’un monde qu’elle ne reconnaissait plus, rivé à son égoïsme et à sa fausse courtoisie. Elle avalait difficilement les dernières années de sa vie à nourrir l’intime et ne pas avoir réussi. Du gaspi cette course à l’envie. Elle ne savait pas à quel point elle était belle et ce qu’elle dégageait Elle était pareille mais, à un point près, très loin de celle que j’avais côtoyée. Elle savait désormais Qui elle était et ce qu’elle voulait. Nous avons échangé nos numéros, sur les prénoms de nos enfants et leurs manies. Elle a refusé une cigarette, avaler les nuages gris c’était trop pour elle Déjà qu’elle leur avait permis de prendre un morceau de son ciel et de ses nuits. Nous nous sommes touché les mains comme lorsque nous étions intimes. La sienne était chaude de tous les rêves qu’elle contenait et préservait. J’ai su qu’elle n’en dirait pas plus Elle prétexta son bus. Elle m’a plantée là, Un papier au creux des doigts en guise d’au-revoir. « Crois-moi le temps passe et ne se rattrape pas. Crois(e)-moi si tu le veux. » Ton âme (ta) sœur En réalité, ça ne s’est pas passé comme cela. Je n’ai tout simplement pas osé aller à la rencontre De moi. J’ai tourné dans l’appartement et griffonné cette page 5 fois. Les rendez-vous avec ce que nous serons demain peuvent-ils réellement s’écrire à l’avance ? J’ai préféré me montrer prudente. Mieux vaut ne pas se brouiller avec le destin…. FEVRIER02/08/2023ActualitéFévrier. Tout (te) pousse. Février, À la base, ce n’est pas vraiment mon préféré. Un résidu de fatigue ou de stress certainement Des résolutions du début d’année à a(e)ncrer ou déjà condamnées. Un mois pour tester la capacité à résister. Dans le cycle naturel, Février coïncide avec le réveil timide de la Terre et le retour de la tendresse par les percées de luminosité. Je sais bien qu’à s’y pencher, ce mois est fait pour Régénérer Germer. Pour contrer mes premiers ressentis je fais de Février un moment où je choie mon intimité. M’occuper en conscience de moi et de mon habitat permet aux nouveaux projets de trouver un espace fertile et de me délester de l’inutile et du (dé)passé comme des lambeaux de peau muée. Notre intérieur est un formidable outil de révélation de soi, voire de transformation. Il n’est qu’une extension de nous, et prendre soin de l’un ne peut qu’agir sur l’autre. Habiter = nos habitudes, notre façon d’être au monde dans cet espace intime du foyer. La maison est le lieu privilégié pour être soi-même, s’inventer, créer un espace qui accueillera nos personnalités. De quoi nous entourons-nous ? Quelle énergie est portée par les objets qui composent notre quotidien ? La Lune Editions Je me reconnecte particulièrement en ce moment à la magie des plantes et des éléments aussi. Elle est naturellement protectrice et inscrite en nous. Planter un laurier devant la devanture de sa boutique, un romarin au pied de la grille du jardin, placer une plante grasse à l’entrée de l’habitation, tresser une couronne pour la porte principale, faire brûler de l’encens ou des écorces, prendre des bains de gros sel, … ces gestes font partie de nos traditions intuitives. Je vous livre mes pratiques simplissimes (glanées au fil de mes lectures et rencontres) pour me chouchouter et harmoniser mon foyer, peut-être nourriront-elles les vôtres ! – La bougie : Je profite des matins encore chagrins, ceux dont la lumière hésite entre la nuit noire et le saut du lit, pour allumer une bougie. Prendre son café à la lueur d’une simple flamme suffit à calmer les idées et à apaiser l’angoisse de l’horaire agité. J’associe ce tout petit geste à la pensée d’un proche ou à une intention, une dédicace matinale en soi. – Le bol : Le silence engendré par la reprise du début d’année m’incite à prendre soin de moi dès le réveil et à métamorphoser le moment du petit déjeuner. En suivant les conseils de Lili Barbery et d’Alice Roca, j’ai pris conscience que cette parenthèse du début de journée est le rendez-vous avec moi-même que je dois réellement préserver. Temps perdu ou gagné, lorsque vous faites l’expérience de vous surprendre dès le réveil, la réponse s’impose à vous comme une évidence. Dixit les diktats et les leçons « anti » (gluten, lactose, sucre, jus de fruits, etc), j’écoute mes besoins et m’impose la créativité dans la découverte de super aliments, graines, laits végétaux et préparations (à la minute si possible) mais aussi dans l’esthétisme. Le petit déjeuner a nettement plus de saveur dressé dans un bol ou dans une assiette qu’on ne laisse pas trainer au fond de l’armoire de peur de l’abîmer. Je mange avec les yeux, se faire plaisir passe aussi par la recherche du contenant qui ravit. La tasse primavera en grès émaillé Le bol primavera en grès émaillé J’ai testé dernièrement ces recettes tirées du livre “Pimp my breakfast”. Elles ont l’avantage d’être sans gluten et transformables. 1 : Mixez une banane avec du yaourt de brebis nature bio (ou une alternative soja) et 2 cuillères à café de thé matcha. Versez dans un bol et parsemez de myrtilles, éclats de noix de coco, chocolat noir et graines de sarrasin grillées. Une version aux mêmes vertus anti-oxydantes et toniques : deux bananes réduites en purée et mélangées à 2 cuillères à soupe d’açaï en poudre, à présenter avec des noix de cajou et des super aliments (graines de chia, mûres, chanvre, etc.). 2 : Si comme moi vous appréciez les pains denses et riches en graines, mélangez dans un grand bol les éléments secs suivants : ½ tasse de graines de tournesol, ½ tasse de graines de courge, ½ tasse de chanvre, ½ tasse d’amandes concassées, ½ tasse de flocons de sarrasin, 1 tasse de flocons d’avoine sans gluten, 2 cuillères à soupe de graines de chia, 3 cuillères à soupe de psyllium blond. Ajoutez 3 cuillères à soupe d’huile de coco et 1 tasse et ½ d’eau. Eventuellement, selon vos préférences, ajoutez un peu de sirop d’érable ou de la fleur de sel. Mélangez le tout à la main et laissez reposer la pâte 2 heures dans un moule à cake recouvert de papier sulfurisé. Enfournez dans un four préchauffé à 180°. Au bout de 20 minutes, retournez le pain pour une nouvelle étape de cuisson de 35 minutes. A déguster en version sucrée-salée avec fromage de brebis, lamelles fines de concombre ou d’avocat et myrtilles. Le double chandelier La rubrique “De lumière” Le coussin de méditation – L’olive : Ma parapharmacie tient en peu de produits. Une base de spiruline, une synergie d’agrumes, des huiles essentielles de lavande et de ravintsara, un complexe détox et rescue et puis la fleur de Bach « olive ». Cette dernière recharge mes batteries, et me sort de la léthargie qu’un trop plein de sensibilité vient souvent conforter. Elle aide, dit-on, à prendre de bonnes résolutions et pousse à agir ! Intuitivement cette fleur me ramène aussi à l’olivier sacré de notre maison au Portugal et à la force de ses racines. Le visualiser suffit pleinement à irradier la chaleur et la tranquillité. – La sauge : Trier permet d’accueillir la clarté de l’espace mais aussi de l’esprit. Certains ne réalisent cette pratique qu’au printemps, pour ma part je désencombre régulièrement. Marie Kondo a dû passer par l’un de mes neurones un jour de pleine lune ou de méditation ! Le rapport que j’entretiens avec les objets relève de l’émotion et de l’adoption. Je bannis la surconsommation, les décorations produites en surabondance et dépersonnalisées. Cela permet déjà à une bonne partie des énergies non désirées de ne pas franchir la porte de la maison. Mon alliée la plus simple pour nettoyer et débarrasser ? La sauge, qui contiendrait des propriétés antibactériennes et dont la fumée nettoierait littéralement l’air. Enroulées sur le bâton de sauge ou dans le bol qui en accueille les cendres, j’ajoute toujours une feuille et l’autre d’eucalyptus. J’ai appris que le lien entretenu avec la plante, dans sa tradition et son origine, permet d’intensifier l’action de purification. Note si vous n’appréciez pas particulièrement l’odeur de la fumigation : Créer sa propre brume ou utiliser un spray aromachologique reproduit les mêmes intentions de purification. Sur LA LOJA, vous pouvez trouver la brume Calm, combinaison de sauge, bergamote et palo santo mais vous en réaliserez aisément en adaptant la recette suivante : dans un vaporisateur de 30 ml en verre versez quelques gouttes d’huile essentielle de sauge auxquelles vous pouvez ajouter d’autres huiles essentielles (par exemple la fraicheur de la menthe ou de la bergamote), remplissez au ¾ d’eau de source et au dernier quart d’hamamélis. Le geste “good vibes” : je n’hésite pas à vaporiser la brume Calm sur mon oreiller, sur une écharpe et sur mon tapis de yoga. La brume relaxante La sauge – Les herbes et les fleurs séchées : Je me sépare très rarement des fleurs que je peux faire sécher. J’en apprécie l’esthétique (ce doit être mon côté romantique non avoué). Je les utilise aussi dans mes colis ou sur mes emballages pour en prolonger le cycle. Depuis peu, je leur ai trouvé une place un brin plus magique. Je rassemble au creux d’un morceau de tissu les restes épars de mes bâtons de sauge, des herbes du jardin ou des fleurs séchées et quelques gouttes d’huiles essentielles, le tout broyé. Je finalise le pochon en y glissant une intention, un mot ou une pierre destinée à la personne à laquelle j’offre ce talisman ou à la pièce dans laquelle je le dépose. Cette astuce, je l’ai empruntée à Erika Feldmann. Ma liste herbacée secrète : le romarin pour favoriser l’énergie et l’abondance, le laurier pour stimuler l’intuition, l’origan pour encourager la paix, la lavande pour la tranquillité, le clou de girofle pour augmenter le taux vibratoire, les huiles essentielles d’eucalyptus ou de lavande pour nettoyer les énergies de conflit ou négatives, les peaux d’agrumes pour attirer la joie, les pétales de roses pour apporter harmonie et douceur. Si comme moi vous avez conservé et séché vos pelures de mandarines ou de clémentines, voici ce que vous pouvez en faire aussi : une tisane avec des rondelles de gingembre frais après chaque repas pour favoriser la digestion (en médecine chinoise ces peaux séchées ou ChenPi contribuent à « débloquer ») ou une poudre qui remplace les zestes dans les pâtes à gâteaux ou dans les yaourts. – L’eau et l’air : Je confie mon ménage aux produits les plus sains possibles et en quantités raisonnées. Cela peut paraître incongru (surtout aux yeux des miens !) mais le dimanche est mon jour idéal pour faire place propre et nette. Je n’en n’avais pas conscience, mais celui-ci, jour du Soleil, combine la force et la lumière, le calme et l’ancrage, un équilibre parfait pour cet exercice. Le premier geste, ouvrir les fenêtres. On ne saisit pas toujours la puissance de l’air dans nos maisons. A vivre dans des intérieurs surchauffés, les énergies peuvent stagner. La fenêtre, c’est l’outil le plus simple pour évacuer. J’utilise les préparations naturelles de Les Choses Simples mais je m’essaie aussi à la fabrication d’un produit maison (gouttes d’huiles essentielles de sapin, d’orange et de baies de genévrier, 85 g de savon noir et 30 ml de vodka conservatrice – à diluer dans un seau d’eau chaude). Une astuce des pays du Sud : rincer le sol avec l’eau de cuisson tiédie de bâtons de cannelle permet d’ouvrir l’accès aux émotions et à l’harmonie. Au moment des pleines lunes, je crée aussi mes eaux de pierres. L’eau de lune est protectrice, purifiante et énergisante, associée aux cristaux elle va renforcer les bienfaits de ceux-ci. Avant le printemps, j’opte pour le quartz rose et le cristal de roche pour impulser l’énergie de compassion, de confiance, d’intuition et d’amour nécessaire au renouveau. J’utilise cette eau ensuite pour recharger mon brumisateur d’huiles essentielles (en complément avec l’orange douce par exemple pour un complexe hyper bienveillant). Vous pouvez l’ajouter dans l’eau du bain ou dans l’eau qui nourrit les jeunes pousses et semis. – Les plantes vertes : Quelque chose en elles nous demandent de ralentir et de prendre soin de ce qui nous entoure. Après les avoir un peu délaissées et pour les entretenir avant le retour des beaux jours, je les dépoussière (avec l’eau de lune par exemple), je retire les feuilles jaunes, je remue la terre racrapotée. La simplicité de ces gestes reconnecte à la patience et aux petits détails de la vie. Pour les aider à lutter contre le manque de lumière, je dépose un mélange de marc de café et de sucre à leur pied avant l’arrosage. C’est à cette époque aussi que j’enfouis dans leur pot les morceaux de cristaux cassés ou les perles des bracelets de pierres qui ont cédé d’avoir bien travaillé. Un rituel qui permet de « nourrir » les racines par un retour à la Terre et de donner un élan à mes intentions. Sur LA LOJA, je vous propose quelques-uns de ces objets qui m’entourent et qui contribuent à (me) révéler : Les bougies à l’unité et les chandeliers Les bâtons de sauge L’encens du Portugal Les bois de Palo Santo Les produits naturels Les Choses Simples (savons mains et corps, vaisselle, etc) – en précommande Les bougies et brume aromachologiques Les sels de bains naturels (la petite astuce “thé de bain” : glissez dans un pochon en mousseline une poignée de sels de bain, attachez-le sous le robinet afin que l’eau chaude passe à travers. ) Les torchons et tabliers (une nouvelle gamme en gaze de coton légère est arrivée !). La bougie Des beaux jours Les bois de Palo santo Le savon naturel multi usages Le savon douche et cheveux au tilleul Les sels de bain naturels Le bloc de savon à la figue Il faut parfois peu de choses pour éveiller à la subtilité du quotidien. Une fragrance, un geste, une habitude, un objet. L’essentiel est de mettre de la conscience sur ce qui nous entoure. Et une bonne dose d’amour. Le reste est magie que vous pouvez confier à Février ! Delphine Le tablier serveur en gaze de coton éco Les essuies en gaze de coton éco Remarque : Cet article vous a plu ? N’hésitez pas à le commenter ! La vie est plus douce partagée ! … Félicie12/15/2022ActualitéFéLICIE Je rédige, protégée, à l’ombre d’un arbre familial. En sa sève coulent les prénoms et les vies de celles à qui je dois probablement tout ce que je suis. Des femmes au destin peu commun, éclaireuses ou guérisseuses. Je vous ai déjà parlé de Suzanne à la tendresse et à la mémoire fluettes, de Francelina ma grand-mère à deux ailes, d’Anna l’arrière bien excentrique mais pas encore de Félicie. Voici les premières lignes de son récit qui m’ont été données par la nuit : Il devait avoir 16 ans à peine et ce serait son dernier décembre. Elle le savait. Elle lui racontait de ses yeux l’immensité du voile neigeux sur la campagne. Elle taisait les uniformes ensanglantés, taches éparses bleues et rouges sur la poudreuse. Elle préférait lui décrire un champ de coquelicots aux cœurs noirs et le blanc immaculé qui immobilisait la colère des canons. Les images l’aidaient à tenir, la poésie à soutenir l’atrocité des nuits sans bout et à supporter la fange mêlée aux cris. Chaque jour, elle suturait les blessures profondes et extirpait le feu des éclats d’obus. Elle s’appliquait. Elle recousait les cœurs en y glissant dedans un petit bout du sien. Elle déposait son amour pour les autres sous la gaze désinfectée. On la voyait caresser de sa douceur les visages épuisés d’avoir lutté et couvrir de ses mots la chair frigorifiée. Dans ce qui servait d’antichambre à la folie, sa présence seule rassurait. Elle apaisait et tiédissait le souffle jusqu’à ce qu’il s’autorise à regagner le corps un peu moins meurtri. Elle assistait les heures sombres et empêchait la mort de croquer toute la vie. Ce soir pourtant, elle lui tiendrait la main sans relâcher l’étreinte. Elle le sentait, elle accompagnerait cette étoile éphémère vers la lumière. Félicie était infirmière. Mais la passeuse, on l’appelait. C’était à l ‘époque où la neige tombait du ciel et des toits. Noël se résumait à ce simple apparat. Sa foi. Félicie avait le don de soi, toute sa vie serait marquée par cela. La capsule de cette fin d’année est parsemée de bleu et de rouge. Sans fioriture ni ornement. La table des fêtes est celle qui rassemble et me ressemble. La nostalgie du vichy, l’authenticité des céramiques de Tom and Folks, la simplicité de la gaze de coton et la chaleur des bougies. Félicie n’est pas loin et j’ai bien saisi dans les premiers flocons son appel à rentrer chez moi, à raviver l’amour et à recouvrir d’une nappe l’ombre de mes maux. Noël est là, pourquoi ne serais-je pas en joie ?… A l’encre11/15/2022ActualitéA l’encre Elle aimait inventer des mots. Elle buvar𝚍ait. 𝙴́𝚌𝚛𝚒𝚛𝚎 𝚒𝚗𝚝𝚎𝚖𝚙𝚎𝚜𝚝𝚒𝚟𝚎𝚖𝚎𝚗𝚝 𝚊̀ 𝚜𝚎 𝚗𝚘𝚢𝚎𝚛 𝚍𝚊𝚗𝚜 𝚕’𝚎𝚗𝚌𝚛𝚎 Elle utilisait le stylo comme d’autres usaient de leur bouche. Le fond de la classe était son repère, L’observation son plaisir inavoué et les taches sur les doigts sa honte maquillée. Elle bavassait en silence Et ne savait pas qu’il s’agissait d’un don en réalité. Elle ne finissait jamais ses phrases comme s’il fallait économiser les mots. Cette manie en agaçait plus d’un qui ne vibrait pas au même tempo. Elle butait sur les fins Pour retenir un souffle, une idée Un autre monde déjà et, de l’autre côté, Les autres hébétés. Ses dialogues écourtés n’étaient que le calque d’une pensée agitée et réservée. Hyper, sa sensibilité. Elle détestait le bruit. Seul le froissement du papier kraft lui était tolérance, rassurance et familiarité. Elle nourrissait pour le trop plein de sons et la cacophonie ambiante presqu’une aversion. Pourquoi fallait-il hausser et glousser Pour toujours se réaliser ? Les modestes et les en-retrait pouvaient la comprendre. C’est du moins ce qu’elle espérait A mots feutrés. Elle hésitait Entre la joie et la monochromie. Contrôler les couleurs et fuir les regards appuyés Ne pas faire de bruit, taire les excès de folie Pour elle, c’était facile. Elle ne laissait personne imaginer tous ses états intimes Ni ouvrir son carnet de croquis. Les autres, Plutôt qu’elle. Elle préférait. Un jour, Beaucoup plus tard, elle déciderait Elle oserait, Laisser sur elle couler l’encrier. “Buvard”, “Calque”, “Kraft” et “Couleurs” sont les noms donnés aux émaux de la collection Studio de Jars Céramistes. En édition limitée sur La Loja.Les… Canicule09/27/2022Actualitécanicule LIGNES 𝑅𝑎𝑚𝑒𝑛𝑒𝑧-𝑚𝑜𝑖 𝑎̀ 𝑙’𝑒́𝑡𝑒́ 𝑑𝑒 𝑚𝑒𝑠 𝑝𝑎𝑟𝑒𝑛𝑡𝑠. Sur cette plage où nous passions nos journées à nous gaver d’iode et de crèmes glacées. Dans la cabane de tissu ligné. Sur les nattes de corde et dans la mer gelée. Le mois de juillet avait l’odeur de l’huile de coco, du sel et des algues. Nous avions nos rituels, au rythme des marées, les sacs remplis de nos occupations et de petits pains fourrés. Les plus intrépides d’entre nous combattaient les vagues fâchées. Les autres laissaient le soleil les caresser. Nos vieux nous fuyaient, à eux les longues balades. L’étendue dorée et la paix royale … à nous. En réalité. Je me noyais dans les lectures, le bruit de l’océan qui roule et les cris des enfants-mouettes en bande sonore. Je cessais d’être pour rêver. A moins que l’inverse ce n’était. Je faisais des duels avec le soleil, le regarder droit dans les yeux et ne pas détourner. Le visage tanné. Je me laissais bercer par l’intensité de la lumière fleurtant à la surface de l’eau. Droite comme une ligne, comme un cœur qui a cessé de se laisser torturer. 𝑅𝑎𝑚𝑒𝑛𝑒𝑧-𝑚𝑜𝑖 𝑎̀ 𝑙’𝑒́𝑡𝑒́ 𝑑𝑒 𝑚𝑒𝑠 𝑝𝑎𝑟𝑒𝑛𝑡𝑠. 𝐴𝑢 𝑏𝑜𝑟𝑑 𝑑𝑒 𝑙’𝐴𝑡𝑙𝑎𝑛𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒, 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑏𝑟𝑜𝑛𝑧𝑒́𝑠 𝑒𝑡 𝑛𝑜𝑠 𝑒𝑠𝑝𝑟𝑖𝑡𝑠 𝑙𝑒́𝑔𝑒𝑟𝑠. BRÛLURES “𝑃𝑟𝑒𝑛𝑑𝑠 𝑚𝑎 𝑗𝑜𝑢𝑒“. 𝐽’𝑦 𝑎𝑖 𝑒𝑛𝑓𝑜𝑢𝑖 𝑙𝑒 𝑛𝑒𝑧 𝑒𝑡 𝑠𝑢𝑖𝑠 𝑑𝑒𝑠𝑐𝑒𝑛𝑑𝑢𝑒 𝑗𝑢𝑠𝑞𝑢’𝑎𝑢 𝑐𝑜𝑢 𝐼𝑙 𝑎 𝑙𝑎 𝑝𝑒𝑎𝑢 𝑐𝑜𝑢𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑑𝑜𝑟𝑒́𝑒. 𝐿𝑎 𝑠𝑎𝑣𝑒𝑢𝑟 𝑑𝑢 𝑙𝑎𝑖𝑡 𝑠𝑢𝑐𝑟𝑒́ 𝐸𝑡 𝑞𝑢𝑒𝑙𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑔𝑟𝑎𝑖𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝑠𝑎𝑏𝑙𝑒 𝑒́𝑔𝑎𝑟𝑒́𝑠. “𝑅𝑒𝑠𝑝𝑖𝑟𝑒, 𝑡𝑟𝑎𝑛𝑠𝑝𝑖𝑟𝑒. 𝑅𝑖𝑠 𝑎̀ 𝑛𝑒 𝑝𝑎𝑠 𝑡’𝑒𝑛 𝑝𝑟𝑖𝑒𝑟. 𝑇𝑎 𝑚𝑒́𝑚𝑜𝑖𝑟𝑒 𝑟𝑒𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒𝑟𝑎 𝑐𝑒𝑙𝑎 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑒𝑛 𝑙𝑎𝑟𝑚𝑒𝑠 𝑡𝑢 𝑠𝑒𝑟𝑎𝑠“. J’ai brûlé ses lettres, ma peau Et mes ailes à espérer J’ai soufflé sur les braises de l’été Je sais pourtant bien qu’il n’est pas fait pour durer. ÉCLABOUSSURES Sur le mur Les doutes, les ombres Mes éclats Blessures CHAU(D)X Elle m’a dit “attrape-moi la main” Un oiseau à 5 plumes de loin Elle m’a dit “cours aussi vite que moi” Elle a les jambes longues commes des feuilles de palmier Dans les rues nous avons joué Moi petite et mon ombre A même la chaux de mes souvenirs D’été… De sable et d’eau09/27/2022Actualitéde sable et d’eau DE SABLE ET D’EAU • 𝐿’𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑒𝑠𝑡 𝑙𝑒𝑛𝑡𝑒 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑎𝑛𝑒𝑠𝑡ℎ𝑒́𝑠𝑖𝑒́𝑒 𝑝𝑎𝑟 𝑐𝑒𝑡 𝑒́𝑡𝑒́ 𝑞𝑢𝑖 𝑛𝑒 𝑐𝑒𝑠𝑠𝑒 𝑑𝑒 𝑠’𝑒𝑚𝑏𝑟𝑎𝑠𝑒𝑟. 𝐽’𝑎𝑖𝑚𝑒𝑟𝑎𝑖𝑠 𝑝𝑜𝑢𝑣𝑜𝑖𝑟 𝑙𝑎𝑣𝑒𝑟 𝑚𝑒𝑠 𝑝𝑒𝑛𝑠𝑒́𝑒𝑠 𝑎̀ 𝑙𝑎 𝑙𝑖𝑚𝑝𝑖𝑑𝑖𝑡𝑒́. 𝐿𝑒𝑠 𝑟𝑒𝑓𝑟𝑜𝑖𝑑𝑖𝑟. 𝑆𝑒 𝑟𝑒𝑠𝑠𝑎𝑖𝑠𝑖𝑟. Je suis née un jour de canicule. Juin ’76. Je suis une apprentie solaire. A toujours tenter d’équilibrer une vie gorgée d’éclats de lumière et d’ombres projetées sur la chaux. A danser sous les gouttes d’eau ou poser les pieds nus sur le sol qui brûle. Avec lui mes idées de sabotage et d’échouage. A laisser l’océan déteindre sur moi et porter l’infini de ses bleus. Dans les vagues à l’âme se jeter. Et ne jamais se laisser chavirer. Revenir à la plage de mes projets comme une bouteille lancée à la mer. Ma destinée est placée sous le signe de la dualité. Cela fait longtemps que je le sais. Intimement que je le ressens. Sécheresse et appel du soleil, soif et fluidité, foyer et horizon, impatience et somnolence, envies et repli. Mais n’est-elle pas comme ça la vie tout court, à modeler le sable et l’eau pour construire des châteaux ? N’est-on pas ainsi fait des désirs ardents de la terre et des larmes du ciel ? 𝐿’𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑒𝑠𝑡 𝑑𝑖𝑓𝑓𝑖𝑐𝑖𝑙𝑒 𝑠𝑜𝑢𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑓𝑒𝑢𝑥 𝑑𝑢 𝑚𝑜𝑖𝑠 𝑑’𝑎𝑜𝑢̂𝑡. 𝐸𝑙𝑙𝑒 𝑚𝑒 𝑓𝑎𝑖𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑟𝑖𝑑𝑒𝑠 𝑎𝑢 𝑐𝑜𝑖𝑛 𝑑𝑒𝑠 𝑦𝑒𝑢𝑥 𝑒𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑝𝑒𝑟𝑙𝑒𝑠 𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑗𝑜𝑢𝑒𝑠. 𝐽𝑒 𝑝𝑒𝑛𝑠𝑒 𝑎𝑢 𝑑𝑒́𝑏𝑢𝑡 𝑑𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡. 𝐸𝑡 𝑟𝑒𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒𝑛𝑐𝑒𝑟…. A la table d’Anna06/25/2022ActualitéA la table d’anna Elle n’a pas d’âge, Anna. Le film s’est arrêté au printemps de ma vie et à hauteur de ses jupons aux improbables imprimés. Filtre suranné. Anna a les boucles immaculées. Comme des petits nuages d’ouate sur sa tête qu’elle promène tout le temps avec elle. Elle les a chopés à son mari, l’arrière grand-père. Ca ne m’étonne d’ailleurs pas d’elle. Sur son visage, un sourire et des yeux pincés qui laissent deviner l’enfant espiègle qu’elle n’a jamais quittée. Elle a trois répliques d’elle Anna. Mimi, Nénette et Suzanne, ses filles chéries. Elle a des bas collants couleur chair dont elle n’a que faire. Sur sa cheville, ils sont tout ratatinés. Les manches de ses chemisiers aussi. La fée clochette en fripes de petite vieille, ç’aurait pu être elle. C’aurait été drôlement plus magique que ce surnom tout rabougri, “La Bobonne”. Dans son sillage flotte une odeur de réglisse achetée à la sauvette chez l’épicière de la rue Piesseveaux et dissimulée dans son grand cabas de faux cuir. Noir. Diable, le caractère d’Anna. D’ailleurs, je ne suis pas sûre qu’elle allait à la messe Anna. Un point commun avec moi. Je ne dirai pas Ma foi. La rebelle de ma mémoire familiale, c’est elle. Peut-être parce qu’avec moi elle ne s’embarrassait pas ou peut-être parce qu’il m’importe de l’imaginer telle. Au moins je comprendrais pourquoi je suis un peu comme ça. Toujours à la frontière du non et du pourquoi. Elle aurait probablement fait un doigt d’honneur à sa fin de vie Anna. Sa manière de faire oublier les longs couloirs de la clinique, les draps qui sentent mauvais et engloutissent son corps petit à petit. Ne retenir que ses lunettes du bout du nez, ses barbichette tu me tiens et la main bien fort. Surtout. Aujourd’hui, j’ai mis les boucles d’oreilles d’Anna. Deux mini prunelles. Et puis j’ai dressé la table. Comme elle. On ne fait pas de tralala, dans ma tête ça insistait. La joie et voilà. Un repas improvisé, que l’on prépare hâtivement en écartant de la main quelques miettes d’une table qui n’a pas encore été lavée. Deux bancs, trois chaises et le reste où bon voudra. Des assiettes de tous les jours, des bols des grands soirs et du vert primevère. De celles qui tapissent le verger d’à-côté. La fraîcheur à l’état brut. Et son rire par-dessus qui claque. Pur. A cette table, j’ai convié tous ceux que j’aime et qui comprennent. Anna. Je voudrais que pour les miens elle soit encore là. La composition A la table d’Anna est un joyeux mélange : Esprit Cantine de Jars Céramistes, collection Chou de Bordallo Pinheiro et lin lavé de Linge Particulier. A retrouver sur La Loja…. Sens dessus dessous05/10/2022Uncategorizedsens dessus dessous Sens = sentidos, sentimentos (PT) Alors que j’avais les sens Dessus dessous Ce matin deux cartes se sont échappées de l’oracle de Lili Comme un petit mot froissé qu’il convenait de me glisser Juste là Juste à ce moment-là Une caresse de papier Venue du ciel Et me murmurer Des fois, il faut Par amour Accepter la magie de la vie “Ma fille”. Sans probablement le vouloir ni le savoir, Lili Barbery-Coulon a contribué à “sauver” mon confinement et secouer ma vie “d’après les tourments”. Ses cours de kundalini yoga en ligne et son oracle ont été le plus puissant des outils d’éveil. Et de réveil. Il y a quelques mois, en avril 2020, je vous écrivais : Je vous écris. Enfin. Cette fin d’après-midi. J’ai l’impression de vous avoir quittés sur une révérence rapide et malhabile, pressée par la mi-mars et son appel au repli. Renouer avec vous et trouver les mots pour traduire mon quotidien depuis le premier jour de ce grand chambardement. Je vous écris d’un « entre deux mondes”. J’apprivoise un emploi du temps et une profession réaménagés. La semaine s’écoule selon les heures d’ouverture d’une boutique aseptisée. Art de la table, produits fins ont laissé la place à la nécessité des mesures d’accueil et de protection drastiques. C’est derrière un écran de tissu et de plexi que s’égrènent mes jours et que transpirent ma peau et ma peur un peu aussi. Je vous écris d’un « entre deux mondes » . La réalité d’une première boutique en veille et le rêve avorté d’une deuxième. Momentanément. Inévitablement. Les premiers jours cèdent à la crainte des projets financiers et puis apprennent à se satisfaire des aides de fortune et de l’espérance. Je vous écris d’un « entre deux mondes « . Un rythme quotidien effréné soudain envahi par les désirs de soi, de sagesse et d’introspection. J’ai peut-être – il est vrai – trop considéré la vie professionnelle comme un enfant turbulent ces derniers temps. Je me surprends, en quittant l’atelier, à ressentir la chaleur des rayons de soleil. En colère je suis qu’ils ne m’aient pas attendue. Je cherche, une fois rentrée en mon nid, ce que d’aucuns appellent les joies douces du confinement. Moi, j’évacue l’écume des jours. J’écoute mes découragements, je les combats plutôt. Je lis beaucoup et dans tous les sens. J’attends que la saudade laisse place à l’énergie nouvelle. J’essaie d’esquisser un après, je trie entre ici et plus tard. J’évacue ce qui ne me convient pas et plus. Au loin, la vie. Elle est douce, il me semble. Je m’en souviens. Je vous écris et j’espère qu’advienne un ré-enchantement. Celui du temps qui reste. Prenez soin de vous. Tous. A très vite de l’autre côté des mots. Delphine Je ne le savais pas mais La Loja germait en moi. Qu’on l’appelle force créative ou élan de vie, ce qui se passait en moi me conduisait là. Une histoire de liens spirituels et générationnels, un partage par l’écriture et la rencontre avec celle que je n’osais alors bousculer. Ma destinée. Quelques nappes de brouillard, de bleus et d’écorchures à l’âme plus tard, je peux enfin lui dire qu’”on a toute la vie, nous deux, pour réussir”. Ce matin deux cartes se sont échappées de l’oracle de Lili, Le magic mantra et sehrab mama* Juste là Et me rappeler combien L’infini est ici. *(Accueillir le miracle de la vie et L’heure de l’infinie tendresse a sonné)… Fé(e)ambule03/25/2022UncategorizedFé(e)ambule Ma première ambiance. Ma première histoire. Foi = fé (PT) Je sais que le temps file et qu’en arrière on ne revient pas. Je sais que les miens m’ont aimée bien avant moi* et que dans les mots parfois je les aperçois. Derrière ma première capsule, un portrait de famille. A la trame, une transmission. Les méandres de mon écriture nourrissent leur origine dans ce que j’ai de plus intime. Un arbre généalogique. (H)être et toujours ressentir. . L’évocation de son prénom me rappelle les douceurs de l’enfance insouciante et le jardin ouvert sur l’immense pommier fleuri. J’ai chéri mon quotidien chez elle et les parenthèses enchantées du retour de l’école. Le café sucré, l’écrasée de fraises sur les mouillettes de pain beurré et les bonbons acidulés. Elle était à mes yeux la douceur vintage exprimée en une femme ordinaire et menue. Elle appréciait les effluves coquettes du parfum Paris dont elle aspergeait ses boucles mi-terre mi-lune. Ses lunettes fumées, le tic tac de son coeur recousu, ses siestes interminables, sa voix cristalline, « Dansons la capucine », mes souvenirs restent précis autant que l’écriture fine sur la grille de ses mots fléchés. Fétiches. De sa jeunesse je ne sais grand chose. Elle a probablement été mère très tôt, éduquée à la tache du foyer et de l’attente. Elle me l’a inculquée d’ailleurs, sa patience et le silence aussi, elle qui parlait plus volontiers aux anges. Elle n’était pas sa priorité. Oh non. “3 sous et une soupe”. C’était sa manière à elle de montrer aux autres combien elle les aimait et comme elle pouvait se faire discrète. Elle semblait résister aux tempêtes de l’âme et aux désordres de sa vie. Si bien que nous n’avons pas vu sa mémoire s’effriter, épuisée d’avoir valsé et haleté. La nuit noire en pleine après-midi. Le voile sur les visages et les rires familiers. Au loin son amour de jeunesse, Gaby aux yeux myosotis. Elle est partie au début d’un été, chaud et moite comme ses baisers. Suzanne. Ma grand-mère. Nous nous sommes à peine quittées en vérité. Je ne savais pas alors qu’entre nous le fil d’or jamais ne se romprait et qu’un simple baiser de lumière parviendrait à nous relier. “Ma fille, ce qui importe dans ce monde, c’est l’ivresse d’aimer. Jamais ne te lasse du renouvellement des perles de rosée sur l’herbe rincée.” viendrait-elle quelques années plus tard me murmurer. C’est peut-être l’héritage le plus cher qui me vient de ma grand-mère. Son Grand livre vert. Une couverture en tissu malmenée, des pages nombre de fois tournées, rognées et pliées par l’impatience d’une nuit à installer. Le livre des fées. A croire que c’était prédestiné. Moi qui ai étudié les contes. Au propre et au figuré. Ce livre est incomplet. Comme ma mémoire infantile. Rafistolé. Comme sa vie de femme en miettes d’avoir trop donné. Il sent l’humus de nos racines et le papier renfermé. Comme une fin de vie. Mais retourner en lui me fait l’effet dès la première page d’une reconnexion à l’âme. Cérémonial et magie ancestrale. Parmi les lignes, le récit des vies et le pouvoir de la catharsis. A la lecture, l’écho de la voix de Suzanne et moi dans ce matelas trop grand pour moi. Il était une fois une toute petite fille, mignonne et gracieuse. Elle n’était pas plus haute qu’un pouce, et, pour cette raison, on l’appelait Poucette. Elle reçut pour berceau une coque de noix bien vernie ; pour matelas des feuilles de violette ; et pour couverture une feuille de rose. Elle y dormait pendant la nuit ; mais le jour elle jouait sur la table, où la femme plaçait une assiette remplie d’eau entourée d’une guirlande de fleurs. Dans cette assiette nageait une grande feuille de tulipe sur laquelle la petite Poucette pouvait s’asseoir et voguer d’un bord à l’autre, à l’aide de deux crins blancs de cheval qui lui servaient de rames. C.H. Andersen Je me laisse porter par l’histoire de Poucette et je saisis avec mes yeux d’enfant ce qui un jour ferait sens pour moi : la douceur des mots et le subtil, l’accomplissement d’une vie au-delà des obstacles, l’appel des rayons du soleil et le symbole de l’hirondelle toujours au-dessus de moi. Ma grand-mère le savait déjà. Je m’abandonne toute entière dans le Grand livre vert et je perçois que de lui vient cet amour pour la poussière d’or et les écrins organiques. Pour le clair-obscur et la nostalgie. Pour l’infiniment poétique et onirique. Mes objets pour vous sortiront de ces contes de fées ravivés. Des choux, des hirondelles, des noix, des fleurs, des feuilles, des nappes à carreaux, des théières, des couleurs chaudes et mordorées. Je vous mène là où vibrent mes souvenirs illustrés et racontés. Il suffit d’y pénétrer comme en songe. En habit de nuit et sur la pointe des pieds frigorifiés. Vous me suivez ? PETITE NOTE : J’ai cherché un endroit préservé des regards trop esthétiques pour accueillir ma première ambiance et mon premier shooting photo. Une demeure comme celles qui surgissent aux tréfonds d’une forêt de contes de fées. Nul doute que vous comprendrez pourquoi l’aura du Château de Martigny à Colmey m’a conquise. Ce lieu respire la beauté du coeur et la douce hospitalité. Je remercie Valérie De Chevigny et sa famille, les premiers compagnons de mes rêves de boutique en ligne. * murmure de Belleginette… L’effet boule de mer01/30/2022UncategorizedL’EFFET BOULE DE MER Mer = mar (PT) « Ce n’est pas la mer à boire dit-elle. Moi, j’ai compris l’amer. Elle leva les yeux au ciel. Celui-ci s’assombrit. J’ai toujours su que j’étais de métaphores et d’eau contenue. Peut-on porter la mer et ses dérives en soi ? Je crois. » Depuis petite les mots me parlent deux fois. Arrivent par là et puis par en deçà. C’est probable, à la langue française, je dois dans une autre vie avoir fait des vœux pieux. Voeux. 2022. 𝚅𝚒𝚗𝚝 le 2 ! Vin ? Tanin. Fromage, comptoir, inventaire, salaire, misère. Trop simple. Reprendre à vin et pain, (en) miettes, le cœur, sur la nappe, de lin, déjeuner, à même l’herbe, mouillée, vert, céladon, mousse. Haillon. Vent, ventolin, respire, encore dit Clara, sueur, mèche, cheveu, sel, iodé, médusé, oursin, peau, hâlée, marée. Vague. Comme un pli dans l’eau, de vie. Rires, éclats, à l’âme, bobo, allô, l’écho, au loin. La mer. Ses ressacs et l’amertume de n’y être pas. Houle, sentimentale. Et, à l’instant d’écrire ces mots, le retour à la case départ. A, la lettre, nue, sans une plume. Encre, bon sang, ancre, amarrage, port. Portugal. Por aqui (par ici) ou par là, … C’est toujours l’effet boule de mer en moi. Allez savoir pourquoi mon esprit est fait comme ça !… Luz 202201/08/2022UncategorizedLuz Lumière = Luz (PT) On se l’accordera, ce ne fut pas 𝙽𝚘𝚎̈𝚕 tous les jours cette année.Désillusions. Abandons. Ébullitions. Agitations.On lui laisseraA 2021Le reste des déceptions.Année chagrin.𝙿𝚘𝚒𝚗𝚝.Mais suffit une 𝚕𝚞𝚖𝚒𝚎̀𝚛𝚎 particulière de décembreA mi-teinte entre la joie retenue et l’effervescencePour faire surgirLe 𝚋𝚘𝚗Côté des choses et des véritables relations.Parenthèse. Trêve. Temps d’arrêt.Faudrait-il s’en priver ?Que non !S’en gaverS’en recharger et briller.Joyeuse entrée dans la périodeDes lumières.Que la magie sur nous tous opère…. Propositions des fêtes 202111/30/2021UncategorizedPropositions des fêtes 2021 Cette année, aux fêtes, on se (re) met en boîte pour vous ! Découvrez ici mes boîtes apéritives, boîte à fromages ou à bruncher ainsi que mes suggestions complémentaires. Ce pdf peut vous servir de bon de commande. Complétez-le avec vos souhaits et envoyez-le à l’adresse suivante info@chezlafilleduboucher.be. Je me ferai un plaisir de revenir vers vous pour finaliser votre commande. Até breve ! Delphine CLFB_ PROPOSITIONS COMPLETES DECEMBRE 2021… Viver de amor e saudade10/05/2021UncategorizedViver de amor e saudade Maman, faz favor*, dessine-moi la saudade … Comment t’esquisser les traits d’un mot que difficilement tu prononceras mais qui pourtant, dès sa première syllabe, en mer d’Atlantique t’embarquera. Comment résumer la richesse d’un mot qui jamais n’a trouvé de correspondance ici-bas ? Maman, dis-moi alors, comment vit-on d’amour et de saudade ? *** D’effluves d’eucalyptus en brumes salines, va filha et cherche-la. A la lueur d’un soleil qui flirte sur ta paupière, à la magie d’une dentelle noire ou d’un foulard de Viana, à l’ombre du parasol rayé, sur les pola de nos étés, au creux d’une mélodie qui sent la bougie et l’encens des églises, dans la finesse des bijoux ancestraux, au pied de notre olivier sacré ou dans les larmes amères d’un fado oublié. Scrute-la dans les yeux noyés de noir de ton grand-père, dans la rêverie des murs de pierre, dans le bleu des façades chargées d’histoire et de carrelages, dans l’espoir qu’après la dictature les monstres d’hier ne passeront plus. Devine-la dans la fierté des immigrés, dans le souvenir de ceux qui pour toi les frontières clandestinement ont traversées, à l’horizon de l’océan et dans l’attente du pourvu qu’ils en reviennent vivants, à l’évocation de Manel, Goretti, Joao et notre compagnie, dans mes humeurs mi tristes-mi figues, à même la chair d’un raisin juteux, à la rugosité de la terracotta et à ces grains de sable sous tes doigts. Hume-la dans l’odeur des marées ou dans celle barbouillée de fumée et de la transpiration des ouvriers. Apprécie-la dans la gourmandise du café com nata pris au coin du bar, à moins que l’écume de la mer dans ta bouche tu ne préfèreras. Découvre-la lorsque la foi et la miséricorde s’éveilleront en toi, reliquats des vies passées à travailler dans les gravats. Ou quand sur tes prunelles mélancoliques on s’interrogera et que farouchement tu répondras. Mon héritage. C’est comme ça. La saudade, ma douce, ma Zazie, c’est ce qui est en toi depuis bien plus longtemps que moi. La trace indélébile qui fait de toi une fille de là-bas. Ne l’oublie pas, égrène-la jusqu’au plus petit bout de toi. Cheira bem cheira saudade**. Maman *stp **ça sent bon, ça sent la saudade… Andorinha09/18/2021UncategorizedANDORINHA J’ai un rapport particulier aux hirondelles. Peut-être parce qu’elles me rappellent celle qui là-haut veille sur mes heures et bonheurs. Peut-être parce qu’à leur simple vue s’ouvre en moi la porte qui remue l’âme. (Ré)écriture d’un texte de l’été 2020. Je vous parle d’elle et, en réel, je ne la connais pas. Si aucun souvenir n’effleure ma mémoire, je sais pourtant presque tout d’elle. L’essentiel. On dit que mon regard a rencontré le sien. Intensément brun. Sa peau rêche et burinée par le soleil brûlant sent la sueur, le pain de maïs et le lait de brebis. Elle a le timbre chuintant et vif du nord du pays. Elle aime chanter Marie à vous sortir des larmes pudiques de petite fille. Couleur perle de mer. C’est que la mélancolie et la dureté de la vie lui servent d’amies. Ses mains sont faites pour remuer la terre battue et s’accrocher aux pans de ses tabliers de poussière et de coton dru. Une vie terracotta. Elle vit. Dans son ombre, un oiseau. Noir. Comme cette mèche imaginaire et rebelle qu’elle ne cesse de ramener à son chignon bas. Elle est femme, mère et ouvrière, donnée à sa terre et à ceux de sa chair. Tellement qu’elle en néglige la sienne et consumme la flamme de sa vie prématurément et injustement. Má sorte*. Je porte son prénom. En amulette, comme pour traverser les âges qu’elle n’a pas eus. Je l’ai rencontrée en rêve cet été. Un battement d’ailes sur ma joue. Ma grand-mère du ciel, « ma grand-mère à deux ailes ». On dit que les oiseaux ne meurent jamais. Ou alors par accident. Si les oiseaux se transmettent de génération en génération, le mien me vient sans aucun doute d’elle. C’est une hirondelle. Francelina, mon andorinha**. sur une idée murmurée de Valérie Perrin * malchance ** hirondelle… Sensibilité09/08/2021UncategorizedSensibilité Depuis l’enfance je fronce les yeux. Comme pour détourer les choses qui devant moi se posent. Flous et brisures de lumière m’apparaissent dès le lever du jour. “Pourquoi le Bon Dieu sur mon berceau, la myopie a-t-il laissée en cadeau ?” Je ne vous parle pas ici de coquetterie mais d’une forte contrariété à assumer, le mot handicap je n’oserais employer. C’est au travers de lentilles qu’il me faut apprécier quotidiennement la subtilité et l’esthétique de ce qui m’entoure. Sans cela je vivrais dans un monde sans contact, couvert d’ombres ou couleur boue. La vie, je la stocke derrière ma rétine beuillée. Des formes sans angle pour ne pas m’y heurter, des couleurs non saturées, des paysages floutés mais libres de s’y évader. Je m’y suis malgré moi habituée. A vrai dire, je ne suis pas très douée pour vivre les choses à la lumière du grand jour. Celle-ci trop forte m’incommode et provoque en moi le retranchement. Mais je sais écouter les voix, lire les mots sur les bords des lèvres et de l’âme, et tressaillir au toucher. Mes autres sens, j’ai appris à les aiguiser et même si je ne peux rapprocher votre visage du mien pour mieux l’apercevoir, je sais en déceler les nuages de l’orage. Et c’est qu’il en passe des tas depuis des mois. Je suis comme cela imprégnée des émotions et de vos passages. Les sensations triées, les informations engrangées, les larmes salines retenues ou évacuées, toute ma mémoire affective est à fleur de peau plus que de cornée. Si le Bon Dieu m’a fait don de la myopie ce ne peut être que pour la noirceur des hommes m’épargner et mes rêves préserver. Une invitation à mettre le monde à distance, à ne garder que l’essentiel, ce qui passe par le coeur. Une incantation à oser vivre tout très fort et très intimement. A me sentir et me déclarer sensible, hyper même. Il ne peut en être autrement … à l’écrire je viens de le comprendre. … Florilège et lexique em português08/27/2021ActualitéFLORILEGE ET LEXIQUE EM PORTUGUÊS A MALETA Trad. : la valise (en carton) Tout a commencé avec elle.Pour le peu que je m’en souvienne. En tous les cas, depuis et, ce, malgré elle,On nous nomme De Sousa, Dos Santos, Carlos, Portos, tous pareilsMon père, Rodolfo, Josefo, Alfonso, Roberto, cousin d’Enrico (le Macias) ou de Julio (l’Iglesias) même pas nés à Porto. On s’imagineQue les femmes de la famille ont été créées pour frotter, chanter, soupirer et les hommes pour trueller.Que la misère grave est tombée sur nos vieux comme la cerise dans l’aguardiente trop macéréeEt que notre héritage, semblable à ce mélodrame des années 80’, n’en finit pas. Merci Linda !C’est un beau “bourdel” que tu nous as mis là ! AS PORTUGUESAS Trad. : les filles (de là-bas) Elles ont dit-on Le sang mêlé de terre et d’embrunsLa gorge déployée et le verbe fortLe regard charbon et le nez aussi haut que leur chignonL’or au bout des oreilles plutôt qu’en petite monnaieLa sueur collée à l’âme et le cœur sur les mainsLa prière, Marie et tous les saints au bout du chapeletLes grands-parents sous le toîtEt le reste de la casa sous le bras ! Les filles de là-bas ont ce jenesaisquoi de farouche et de malhabile. C’est qu’aux côtés des hommes elles n’ont rien à envier et pas une larme à verser.Elles ont peut-être la pudeur de leur mère en héritage mais le caractère des vagues pour dompter leur destinée. Mes sœurs au teint halé et aux baisers salés. Ps en aparté : si à la lecture de tout cela une portugaise tu comptes draguer, un petit conseil … le mot 𝚋𝚒𝚐𝚘𝚍𝚎 (𝚃𝚛𝚊𝚍. : 𝚖𝚘𝚞𝚜𝚝𝚊𝚌𝚑𝚎) de ton lexique tu épargneras. Je t’aurai avisé ma foi – O TALHO Trad. : la boucherie O talhante : 𝚕𝚎 𝚋𝚘𝚞𝚌𝚑𝚎𝚛 (𝚕𝚎 “𝚙𝚊𝚍𝚛𝚎“ / 𝚘 𝚙𝚊𝚒) A mulher do talhante : 𝚕𝚊 𝚏𝚎𝚖𝚖𝚎 𝚍𝚞 𝚋𝚘𝚞𝚌𝚑𝚎𝚛 A filha do talhante : 𝚕𝚊 𝚏𝚒𝚕𝚕𝚎 𝚍𝚞 𝚋𝚘𝚞𝚌𝚑𝚎𝚛 (𝚖𝚘𝚒) A mãe da filha do talhante : 𝚕𝚊 𝚖𝚎̀𝚛𝚎 𝚍𝚎 𝚕𝚊 𝚏𝚒𝚕𝚕𝚎 𝚍𝚞 𝚋𝚘𝚞𝚌𝚑𝚎𝚛 Tal mãe tal filha : 𝚓𝚎 𝚖’𝚎́𝚐𝚊𝚛𝚎 ! Filha da (tua) mãe : 𝚓𝚞𝚛𝚘𝚗 𝚌𝚎́𝚕𝚎̀𝚋𝚛𝚎 (𝚑𝚢𝚙𝚎𝚛 𝚛𝚎́𝚙𝚊𝚗𝚍𝚞 𝚎𝚗 𝚝𝚎𝚖𝚙𝚜 𝚍𝚎 « 𝚌𝚘𝚟𝚒𝚍 𝚍𝚊 𝚝𝚞𝚊 𝚖𝚊̃𝚎 ») VAMOS A PRAIA Trad. : Allez viens, on se tire à la plage On va voir … La mer : o marLes moules : mexilhõesLes poulpes : polvo et Polo Le gang des sardines : sardinhasLes morues : bacalhau et coLes baleines : baleiasAldo, Pamela, Arielle la sirène,… mon père, ma mère, mes frères et mes soeurs #hoho #ceseraitlebonheur ps entre nous (et seulement parce que je vous vois venir) : en langage argotique du nord du pays, une morue = parva DEUS Trad. : le bon Dieu (marche aussi avec Jésus cela dit) Céus : ciel ! (crottin, flûte, zut !) Bom Domingo : jour du Seigneur Jesus Cristo : bon Dieu de … (crotte !à Santo Deus : doux Jésus ! (oh!) Meu Deus ou Deus meu : oh oh ! bis Santa Maria : Sainte Marie (please, help, ajuda !) Santa Maria Mae de Deus : Sainte Marie mère de Dieu (exclamation ! suffocation !) Maria Santissima : pour les demandes urgentissimes, les véritables quoi ! (socorro !) … Palabras07/26/2021Palabras(PT) Palabras = petits mots Préambule On sait de moi que mes racines plongent dans l’Atlantique, en territoire lusitanien mais aussi en terre gaumaise, à la frontière entre Saint-Mard la frondeuse et Virton la disciplinée. D’aucuns diront que j’ai les yeux chargés de saudade et des cernes qui ne peuvent mentir la houle de mon caractère. On me prête à la fois tendresse et froideur, je dirais pudeur, plutôt et retenue aussi. Je suis surtout de celles qu’un mot ravit et que le frôlement d’une mélodie suffit à faire frémir plutôt que de celles qui abusent d’artifice. Alors, par ici, je vous déposerai les mots et les phrases qu’il me plaît d’amarrer à ma tête. Ces envies d’authenticité et d’explorer la relation qui nous lie. Par ici, je franchirai le pas, outre-boutique, qui me mène de vous à moi. C’est décidé, aujourd’hui est le premier pressentiment de ce que je vais demander à la vie. La promesse de qui je suis. Je reste là, au soleil, le coeur apaisé, en regardant les choses et les hommes d’un oeil amical et je sais que la vie vaut la peine d’être vécue, que le bonheur est accessible, qu’il suffit simplement de trouver sa vocation profonde, et de se donner à ce que l’on aime dans un abandon total de soi. La promesse de l’aube…. Services et Produits07/26/2021Produits et servicesPlaisirs pour les yeux et pour la bouche Mes produits s’invitent en boutique au rythme des productions et des commandes raisonnées. Issus de la noblesse et de la fertilité de la terre du nord de l’Atlantique ou de la terre du « milieu », ils évoquent le travail traditionnel et passionné. Chez la fille du boucher point de service en ligne mais des mains à même la matière et surtout des bras ouverts. Je mise sur la relation de proximité et la sélection d’articles personnalisée. Comme un élément indispensable au bien manger, l’esthétique est aussi une affinité qu’il me plaît de toujours rechercher. C’est ainsi, je craque devant l’emballé et l’enrobé ! La beauté me fait l’effet d’une ondée chaude à fleur de la peau ou d’un verre de bulles improvisé à la table du déjeuner. Convaincue qu’à elle seule la beauté peut zapper la morosité et nourrir autant que le goût, je vous offre mes découvertes pour les yeux et pour la bouche. J’ose le dire, j’ai le goût du merveilleux. Comme un reste d’enfance. Il n’y a pas de création sans cela, ni de joie à entretenir sans cela…. L’histoire07/26/2021L’histoireLe boucher et sa fille Mon père est arrivé du Portugal, l’œillet à la chemise et dans son cœur un projet de vie pour se sentir responsable de ceux qui vont suivre. Mon père est boucher. Lui, cela fait bien longtemps qu’il a trouvé le verbe de sa vie. Un métier-revanche sur cette étiquette d’imigrante. Un métier qui lui permet d’habiter le temps au lieu de courir après des épisodes de jeunesse avortée. Un métier qui rectifie comme il le peut les incohérences des temps modernes en mettant les offrandes de la terre entre nos mains et les dons du ciel entre nos dents. Aux côtés de mon père, j’ai appris à devenir plus heureuse et moins cramponnée à des objets inutiles. « C’est facile dès lors que tu acceptes ce que l’on te prête pour une vie »*. C’est lui aussi qui m’a soufflé que tout n’est que mouvements et surprises, obstacles et réactions créatives. A le regarder, j’ai troqué l’habit de directrice contre un tablier fait de lin dru et de sueur. Sans l’imaginer vraiment je me rapprochai des mes sœurs de sang, au teint halé et aux baisers salés. Ces filles portugaises attachées à leur terre et à leurs pairs, à la mer et à la Vierge. J’ai osé déjouer le « tout traçé » et revenir vers elles, mes origines. Là où poussent les racines et la vigne. J’ai déposé mes outils de travail et mes premiers cartons dans un coin de la boutique à papa pour ouvrir l’épicerie de mes rêves d’enfant. J’y ai rassemblé des étals aux couleurs de mon cœur et de cette lumière du Sud qui me fait tant vibrer. Chez la fille du boucher est né(e) et le métier d’épicière j’ai commencé, avec vous, à appréhender. *j’ai croisé le regard de mon père dans les mots de Jacques Gamblin (Discours Cop21)…